Alors que l’engouement pour le volontariat à l’international s’accroît, la frontière entre solidarité authentique et pratiques exploitatrices devient floue. Explorons ensemble les initiatives et organisations qui défendent un volontariat éthique, mettant en lumière les pièges à éviter et les critères pour garantir un impact durable et éthique.
Pour comprendre le volontourisme, vous pouvez consulter notre précédent article ici.
Vers qui se tourner pour se prémunir du volontourisme ?
Explorez les institutions de confiance qui vous ouvrent les portes d’un engagement international significatif.
France Volontaire :
Face à la confusion potentielle entourant certaines missions, France Volontaires recommande de s’investir auprès de ses membres, tous adhérents à la Charte des volontariats. Cette charte, définissant des valeurs communes aux associations impliquées dans les Volontariats Internationaux d’Échange et de Solidarité (VIES), a pour objectif d’améliorer la qualité des engagements bénévoles et volontaires à l’international.
France Volontaires encourage également à entrer en contact avec le réseau des Espaces Volontariats, déployés dans 24 pays en Afrique, en Asie, ainsi qu’en Amérique latine et aux Caraïbes. Ces espaces jouent un rôle essentiel en fournissant des informations, en orientant les volontaires, et en facilitant les mises en relation avec des opportunités d’engagement.
Service civique à l’international :
Le Service Civique à l’international est une opportunité offerte aux jeunes de s’engager dans des missions d’intérêt général à l’étranger. Ce programme, géré en France par l’Agence du Service Civique, vise à promouvoir la solidarité, la citoyenneté et l’engagement des jeunes à l’échelle mondiale de façon encadrée.
Volontariat des Nations Unies :
Le Programme des Volontaires des Nations Unies (VNU) propose des missions de bénévolat international dans divers domaines tels que le développement durable, les droits de l’homme et l’aide humanitaire. Les volontaires, aux profils variés, contribuent localement à des projets significatifs en partenariat avec différentes entités.
Corps européen de solidarité :
Le Corps européen de solidarité de l’Union européenne offre des opportunités variées aux jeunes pour s’engager dans des projets solidaires à travers l’Europe. Accessible et diversifié, le programme couvre des domaines tels que l’éducation, la santé et l’environnement, favorisant une participation active des bénévoles.
EU Aid Volunteers :
EU Aid Volunteers est une initiative de l’Union européenne visant à renforcer la capacité de réaction aux crises humanitaires. Ce programme mobilise des volontaires pour participer à des actions de secours, de préparation et de prévention des catastrophes, tant au sein de l’UE qu’à l’étranger. En unissant les efforts de volontaires qualifiés et engagés, EU Aid Volunteers contribue à améliorer la réponse humanitaire et à promouvoir la solidarité face aux défis mondiaux.
Le Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) :
Le Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) constitue une forme d’engagement bénévole axée sur la coopération internationale. Les volontaires partent généralement pour des missions de moyen à long terme, contribuant à des projets de développement dans des domaines variés tels que l’éducation, la santé, ou l’agriculture. Encadré par des associations, le VSI vise à favoriser un échange culturel et un impact significatif au sein des communautés locales, mettant l’accent sur une approche durable et respectueuse.
Les questions essentielles à se poser avant de s’engager :
1. Motivations profondes :
Est-ce que mon désir d’engagement est authentiquement tourné vers l’action solidaire ou est-ce davantage motivé par une envie de voyager ? Il est crucial de distinguer la véritable volonté de contribuer à un projet humanitaire de la simple recherche d’une expérience touristique.
2. Apport réel :
Quelles compétences ou connaissances concrètes puis-je réellement apporter ? La qualité de l’enseignement ou de l’aide que je fournirais ici, en France, serait-elle comparable à ce que je prévois de faire à l’étranger ? Il est primordial de ne s’engager que dans des actions où l’on peut réellement offrir une contribution significative.
Quels sont les 8 facteurs à vérifier pour garantir un volontariat éthique et réellement solidaire ?
1. Alignement des valeurs :
Il est crucial que les membres et les partenaires impliqués dans le projet soient clairement identifiés et partagent les mêmes valeurs que le volontaire. L’harmonie des principes éthiques est fondamentale pour assurer une collaboration efficace et positive en faveur de la communauté d’accueil.
2. Conception participative :
La mission doit être élaborée en collaboration avec les partenaires locaux du pays d’accueil. Une approche participative assure une meilleure compréhension des besoins réels de la communauté, favorise l’échange d’idées et de connaissances, et encourage la création de projets significatifs et durables, véritablement ancrés dans la réalité locale.
3. Préparation et suivi :
Un programme de préparation (même psychologique) avant le départ, ainsi qu’un suivi continu pendant la mission et au retour, sont des éléments indispensables. Ils garantissent que le volontaire est bien informé, formé, et soutenu tout au long de son engagement. Un suivi post-mission aide à une réintégration harmonieuse et à la réflexion sur l’impact de l’expérience.
4. Transparence financière :
Bien que des frais puissent être demandés aux volontaires pour couvrir les dépenses administratives, le logement, la nourriture, etc., il est impératif que le montant soit raisonnable. La transparence totale sur l’utilisation de ces fonds, avec des comptes clairs et accessibles, est essentielle pour établir la confiance. Une gestion financière responsable contribue à garantir que l’argent est investi de manière judicieuse dans les projets communautaires.
5. Impact évalué et partagé :
Le volontariat devrait s’accompagner d’une évaluation continue de l’impact du projet. Les retours d’expérience des volontaires, des communautés locales et des partenaires contribuent à un processus d’amélioration continue. Les résultats devraient être partagés avec toutes les parties prenantes pour favoriser la transparence et la responsabilité collective.
6. Respect de la culture locale :
Une sensibilisation culturelle approfondie et le respect des coutumes locales sont essentiels. Les volontaires doivent être conscients de la diversité culturelle et sociale du lieu d’intervention, évitant toute approche ethnocentrique et favorisant une compréhension mutuelle.
7. Durabilité du projet :
Les projets de volontariat doivent viser la durabilité, en s’efforçant de laisser un impact positif à long terme. Cela peut impliquer le transfert de compétences, le renforcement des capacités locales et la mise en place de mécanismes assurant la continuité des projets après le départ des volontaires.
8. Conscience des enjeux locaux :
Les volontaires doivent être informés des enjeux locaux, tels que les dynamiques socio-économiques, politiques et environnementales. Cela contribue à une intervention plus informée et respectueuse des réalités du pays d’accueil.
En respectant ces principes, le volontariat devient une dynamique puissante, porteuse de transformations authentiques qui profitent aussi bien aux volontaires qu’aux communautés qu’ils soutiennent.
Et surtout, rappelez-vous que :
-Si une participation financière relativement conséquente est requise pour une action solidaire, ce n’est pas de l’humanitaire.
-Si personne ne s’intéresse à vos compétences ou capacités, ce n’est pas de l’humanitaire.
-Si la tâche pourrait être accomplie par les communautés locales elles-mêmes, ce n’est pas de l’humanitaire.
Pour conclure, face aux dérives du volontourisme, il est impératif de redéfinir nos approches. Le véritable altruisme s’enracine dans la compréhension, le respect et l’authenticité. En choisissant des programmes encadrés, alignés sur des valeurs communes, et en privilégiant une démarche participative, chaque volontaire peut contribuer de manière significative. Engagez-vous vers un volontariat qui honore l’éthique, favorise le développement local dans un esprit de véritable solidarité. N’hésitez pas à en faire votre métier, les organisations ont besoin d’humanitaires professionnels ! 😉
Approfondir
Documentaires, interviews et reportages à regarder :
Déconstruire le volontourisme – Ana Milanovic (Akpel’eau) pour Origines
The Voluntourist – Chloe Sanguinetti
Le voloutourisme – Carnet de bord Humanitaire
Volontourisme : Quand le volontariat humanitaire devient le business de la honte – Temps Présent
Sources : France Volontaires, The voluntourist, Carnet de bord – Humanitaire, Tilt, Friends International, UNICEF, Projects Abroad, La Goutte d’Eau